Tour du Mont Blanc 2015
Plus qu'un défi, au-delà des limites, une expérience unique....
1 Jour - 330 kms et 8000 m D+
Ce slogan de l'organisateur n'est pas USURPE. Au delà de tout, une expérience humaine de soi et des autres.
Tout commence le jeudi, où nous prenons la route direction Les Saisies pour rejoindre Damien et son acolyte ZavZav qui sortent d'un périple dans les Alpes où ils ont monté moulte cols, le tout en passant par le Jura pour donner à Dom à Isa des clés de voitures perdues.
La montée de Flumet vers les Saisies (15 kms) n'est pas impressionante mais il fait très chaud (30 degrés) et on ressent quand même l'altitude malgré que nous ne sommes qu'à 1650 mètres d'altitude.
Vincent V et Pierrot ne peuvent s'empêcher d'aller rouler un peu. Notre ami Vincent n'est pas nerveux.
Pour des raisons de place, nous logeons dans deux hôtels différents, Le Very et Le Calgary.
Pour ce jeudi soir, nous mangeons tous au Calgary après avoir pris quelques bulles sur l'anniversaire d'Eric.
Une super ambiance comme d'habitude. Nous faisons connaissance avec Pierrot et son épouse Cinzia. Nous pourrons aussi revoir avec grand plaisir des participants de Hyères : José le Suisse et Claude.
Une bonne nuit de sommeil et nous sommes déjà la veille de ce TMB que nous préparons depuis des mois à l'instiguation .... d'Amar.
Après un bon petit déjeuner nous allons essayer nos vélos vers le Bisanne et ses rampes à 10 et 14 % avant de redescendre pour aller reconnaître l'arrivé et le départ. Zavzav constate que les 250 derniers mètres avec un rond point sont plats, toute une stratégie pour son sprint du lendemain.
Après un petit repas, inscription à 14h00 et ensuite il faut peaufiner la préparation (ravito, éclairage, batterie garmin etc....)
Le temps de regarder un peu le Tour où d'aller à Megève faire quelques emplètes et c'est le Briefing.
Ils insistent lourdement sur le départ qui se fait dans la nuit en commençant par une descente de col de 15 kms et la route est en mauvaise état. La descente sera neutralisée.... enfin à 70 km/h donc impossible à suivre. Nous faisons aussi un hommage au cyclo décédé à la Marmotte. Ca fout les jetons. Il rappelle bien à tout le monde qu'il n'y a pas de classement et seul le titre de "FINISHER" compte.
La météo s'annonce capricieuse à partir de notre rentrée en France et le sommet de Petit Saint Bernard. Il fera 16 degrés au départ, ce qui est parfait et il est annoncé 30 degrés dans la vallée en Italie.
Il reste à finaliser les préparatifs parce que nous pouvons mettre deux sacs à des ravitos différents. C'est la réflexion et le questionnement pour tout le monde, tous ces mois de préparations, que vont-ils donner pour une distance et un dénivelé que nous n'avons jamais approché. Cela fait presqu'un enchaînement de deux Marmottes...
A l'examen des graphes des cols, on se dit qu'ils sont moins dures quoique ... c'est par certain. Et ce début de parcours jusqu'au premier ravito où ça monte sans col répertorié... qu'est ce que cela va donner. La première descente dans le noire en inquiète aussi quelques unes.
A 21h00, Vincent G arrive seulement à cause d'un décès dans la famille. Il lui reste peu de temps pour préparer la "p'tite sortie de demain".
Mais il va être temps d'aller se coucher pour avoir quelques heures de repos avant de se lever à maximum 4h00 du matin.
Constat de tout le monde, ça valait bien la peine de se coucher tôt pour dormir si peu.....
Mais pas le temps de réfléchir, il ne reste même pas une heure pour se préparer. On passe le bout du nez dehors pour vérifier que la douceur est là et qu'un simple survêtement suffira pour aborder la descente.
A 4:45, nous partons tous à départ distant de 300 mètres pour les uns et 1 km pour les autres.
L'ambiance est spéciale dans le noir mais avec l'éclairage publique. Ca fait un peu CAV nocturne... Au départ, Angéle et Véro pour le TMB en relais, ZavZav, Damien, Vincent V, Pierrot, Frédéric et Dom pour la moitié uniquement mais on verra. Eric et Christelle viennent nous encourager au départ tandis que Vincent G prépare ses affaires.
Nous sommes 470 au départ grâce aux inscriptions de dernière minute ..... mais pas de Amar.
Dans les voitures, nous aurons Eric et Vincent G jusqu'au sommet du Grand Saint Bernard pour le relais et dans une seconde voiture Christelle et Cinzia (épouse de Vincent et Pierrot).
Le départ se passe à tout allure même au sprint.... pour les premiers, c'est surprenant quand vous partez pour 330 kms dans la nuit totale.
A l'arrière, Angèle, Véro et Dom partent calmement dans la roue de Frédéric qui les guidera jusqu'au fond mais elles s'en sortent très bien. A l'avant ça gaze et excepté Dom, ils nous précèdent de 5 minutes au fond. Ils intégrent des pelotons importants qui roulent très vite vers la deuxième descente vers Saint Gervais.
Mais après 38 kms et une moyenne identique, cela commence à monter. Suprenant pour des montées non répertoriées et entrecoupées de petites descentes et de plat, cela grimpe régulièrement au delà de 8 % et même 12 % jusqu'au premier ravito à Vaudagne après 60 kms.
Devant ça roule fort et Damien fait un numéro en faisant tous les meilleurs temps de l'équipe jusqu'au sommet du Champex du lac en Suisse. Pierrot, Vincent V et ZavZav roulent aussi à un très bon tempo même s'ils sont un rien plus raisonnables. Frédéric s'interdit de dépasser les 150 pulses.
Après le premier ravito, nous traversons Chamonix pour attaquer le premier col répertorié, il n'est pas trop difficile et c'est une bonne mise en jambe avant la Forclaz dès notre entrée en Suisse qui est un peu plus long mais tout à fait raisonnable. José et Claude n'iront pas jusque là à cause de problème mécanique et devrons abandonner.
A l'arrière, les voitures démarrent vers 08h00 des Saisies et surprise non seulement il pleut mais en plus pour Christelle et Cinzia le pneu de la voiture est dégonflé. Et pour ne pas les aider, dès que le dernier coureur est passé, les pancartes indiquant l'itinéraire sont retirées..... pas facile... pour s'y retrouver.
Autre suprise autrement désagréable, Angèle et Véro sont prises dans un terrible orage de montagne dès le sommet du col des Montets. La descente vers La Forclaz ainsi que la montée de la Forclaz et la descente (normalement) très rapide vers Martigny sont aussi sous le déluge, la grèle et le froid. Il fait moins de 10 degrés.
Elles doivent s'arrêter presqu'au fond de la descente sous une aubette de vente d'abricots du valais. Elles sont en hypothermie. Rattrapées par une moto sécurité, il leur demande de stopper là leur aventure parce que l'orage va continuer à les suivre. Après 107 kms, les voila prises en charge par un véhicule de rapatriement rapidement relayé par Eric. On rigolait tous, la veille au briefing quand on nous recommandait d'avoir une couverture de survie avec nous....
Dom, juste devant elles, continue lui son aventure avant de vivre une grosse désaventure qui va le poursuivre jusqu'au bout.
Dans la difficile montée du Champex du Lac, Dominique discute avec un brave participant pendant quelques kms. Ensuite, celui-ci se sent pousser des ailes et le laisse là. Dom va le ratrapper sur le sommet mais malheureusement, on lui faisait un massage cardiaque et il décédera sur place..... très difficile de poursuivre facilement dans ces conditions dramatiques.
En hommage à ce brâve participant, voici sa photo :
Pendant ce temps, nous sommes tous arrosés sur la très pentue montée vers le Champex du Lac et nous devons aborder la descente sous la pluie et une route bien mouillée ainsi qu'une température qui refroidit les muscles.
Dès que nous sommes en bas, à Orsières, nous entamons la longue ascension du col du Grand Saint Bernard qui culmine à 2.450 mètres et c'est le sommet le plus haut du jour. C'est un col qui sert de liaison avec l'Italie pour les voitures, il y a donc pas de mal de circulation. Le col est long de 25 kms. Les 19 premiers jusqu'au Tunnel pour les voitures et les 6 derniers vers le Col sont très dures et n'ont pas grand chose à envier au sommet du Galibier.
Damien fait encore une très belle escalade jusqu'au Tunnel avant de souffrir beaucoup sur les 6 derniers kms. Frédéric revient sur Pierrot, Vincent et ensuite ZavZav avant d'entamer la dernière partie du col. Au sommet Damien arrive en tête et après un petit ravitaillement il bascule sans attendre vers Aoste la chaleur italienne.
Entretemps, Eric et Vincent G qui ont récupéré les filles s'apprêtent et ils pourront être classer au vu des conditions climatiques subies par le premier relais. Nous temporisons au sommet pour laisser rentrer tout le monde et nous repartons ainsi tous ensemble pour la très longue descente vers Aosta. Nous formons une belle équipe (Eric, les deux Vincent, Pierrot, Zazav et Frédéric) et cela booste tout le monde. C'est vraiment très gai de se retrouver ainsi tous ensemble.
Nous faisons une belle descente en dépassant beaucoup de voitures et en rattrappant beaucoup de participants.
Une fois dans la vallée, le froid du sommet du col du Saint Bernard est remplacé par une chaleur intense au dessus de 30 degrés. Nous avons maintenant deux véhicules d'assistance, un premier avec Véro, Angèle et Marine et un second avec Cinzia et Christelle. Cela va s'avérer capital pour la suite.
Dans la vallée, CAV fait impression, nous emmenons rapidement un peloton de plus de 40 participants et nos deux relais (Eric et Vincent) sont très forts. Tout le monde tire la langue dans leur roue, nous devons même les calmer un peu pour ne pas qu'ils grillent tout le monde et nous n'arrêtons pas de rattraper des participants qui grossissent notre peloton en file indienne. Cela valait le coup d'oeil. Et en plus; il règne une ambiance extraordinaire entre nous. Il fallait le vivre et nous ne nous attendions pas à se retrouver tous ainsi. Dommage qu'il nous manque Damien qui est reparti un chouïa trop vite et Dom qui termine l'ascension du Col du Grand Saint Bernard où contrat rempli il s'arrête. L'envie n'y était plus trop après le décès du participant de Limoge.
Ravito dans la vallée :
Mais cette vallée montante est longue, très longue dans la chaleur. Nous sommes arrêtés un instant pour laisser passer les pros du Tour des vallées d'Aosta. Après un dernier ravitaillement où nous dédaignons (erreur) les pâtes préparées "minute" parce qu'il fait trop chaud et un très gros relais de Vincent V, nous abodrons le très très beau col du Petit Saint Bernard.
Si les pentes ne sont pas excessives, il fait 25 kms et il fait très chaud. Mais surtout au pied du col, nous sommes à 215 kms, qui est le maximum fait cette année pour beaucoup. Il nous reste 115 kms dont 60 kms de montée et 3.600 mètres de dénivelé. Nous n'aurons plus un mètre de plat jusqu'à l'arrivée.
Le constat est dur mais cela ne nous empêche pas de commencer la montée tambour battant. Cela va vite dans les superbes premiers lacets et la traversée du très très beau village italien de La Salle. Mais nous souffrons bientôt tous de la chaleur et beaucoup d'entre nous ont un petit coup de moins bien. Heureusement, nous pourrons compter sur l'efficacité de nos voitures d'assistance qui se coupent en 4 pour nous. Tout doucement, nous avons tous de grosses difficultés à boire et manger. Nous manquons tous de sel et les boissons "préparées" sont inbuvables et l'eau seule n'est plus suffisante. Un coup de fil à l'assistance et au sommet elles nous dégoterons de la badoit et san P sur laquelle nous allons nous jeter ainsi que sur les chips et Tuc. Sur le dessus, nous avons repris Damien qui ne va pas très bien. Avec Frédéric, il a eu la mauvaise idée de souffrir de problèmes intestinaux dans les jours qui précèdent. C'est vraiment une très mauvaise idée à la veille du TMB. Vincent G se sent très bien pour sa première participation à un défi CAV. Un beau potentiel.
Nous sommes presque tous ensemble au sommet pour rentrer en France et nous entamons la longue descente vers Bourg-Saint-Maurice et le début du très difficile col du Cormet de Roselend.
Au pied, ravito avec des pâtes et des sandwichs au saucisson. Si vous savez les avaler c'est salvateur. Malheureusement Vincent V n'arrive pas à trouver quelque chose à manger malgré qu'il sent qu'il doit manger. Il fait à nouveau très très chaud. Il faut gérer et cela devient long. Il nous reste 55 kms dont 35 kms d'escalade. Le Cormet est très dure avec plusieurs kms de suite au dessus de 8 % sans relâche et dans la chaleur.
Mais au sommet, il fait couvert et beaucoup moins chaud. Rapidement, c'est la pluie qui s'invite et à 2.000 mètres ce n'est pas chaud. Le lac au début de la descente n'en demeure pas moins superbe pour autant. Damien se refait un peu dans la montée tandis que ZavZav continue sur le même tempo. Pour Vincent V et Eric, c'est très difficile et cela devient très long.
Vincent V et Pierrot dans le Cormet :
Avec Eric en plus :
Au sommet, notre assistance a rechargé en vivre (taboulé, eau pétillante etc...). Nous faisons un regroupement partiel au sommet mais la pluie et le froid faisant, les premiers repartent avant que Eric, Vincent V et Pierrot n'arrivent au sommet.
"Le lac au début de la descente n'en demeure pas moins superbe pour autant :"
Les 20 kms de descente se font en grosse partie sous la pluie et le revêtement n'est vraiment pas bon déjà par temps sec. Nous ne prenons aucun risque. Mais la pluie aura le don de faire du bien à Eric qui souffre toujours de la chaleur. Entre le fond de la descente et le pied de la dernière ascension, il n'y a vraiment pas un mètre de plat et les premières rampes des 15 derniers kms d'ascension sont à 10-11 % sur les deux premiers kms. Vincent V en prend un coup au moral croyant que la dernière ascension ne faisait que 8 kms.
Après les 2 premiers kms, nous avons 3 kms un peu plus faciles avant de passer le pont au pied de Hauteluce et là c'est de grosses rampes à plus de 10 % pour atteindre le village et rejoindre la nationale qui fait Beaufort - Les Saisies. Frédéric qui a trouvé un compagnon de route depuis le début du Cormet (il s'appelle Bernard Mollet, ca ne s'invente pas) aborde les 7 derniers kms qui ne descendent pas en dessous de 7 à 8 % et jusque 10 %. Derrière ZavZav qui ne s'est presque pas arrêté au sommet du Cormet suit à quelques minutes, Vincent G fait très bonne impression, Damien dont les intestins font du grabuge est reparti un peu tard du Cormet, Eric se refait la cerise grâce à la pluie.
Vincent V ne va pas bien et à une grosse envie de dormir, malgré l'insistance et les encouragements de Pierrot, il en restera là à 7 kms du sommet. Une bonne occasion de revenir dans le futur pour faire les 7 derniers kms.
Pendant ce temps, Frédéric lache enfin ses pulses pour les 3 derniers kms et ensuite tout le monde arrive un par un. Dans les Saisies, tout le monde applaudit, c'est un moment fort, plein de frissons. Peu importe la durée, la performance est là. Nos relais font une belle performance également. Sur les 470 partants, il y aura 345 arrivants entre 12h10 et ... 19h50 soit une arrivée à minuit 50 dans le noir pour le dernier et toujours sous les applaudissements.
Les CAV arrivent entre 15h35 et 16h20 et entre la 118 et 167 ème place. Un très beau tir groupé symbole de notre entraide tout à long de cette très très longue rando. Nos relais font 15h55 et 16h35 et prennent les 6ème et 11ème place.
Une belle conclusion de Vincent V :
"Un week-end au Tour du Mont Blanc c'est:
-330km / 8000m de dénivelé
-Du plaisir avec les potes
-De la souffrance
-Plein de souvenirs
-Une énorme envie de dormir"
Ils nous manquent encore pas mal de photos qui vont suivre.
A l'arrivée, nous n'avons même pas dit "PLUS JAMAIS" et le lendemain, tout le monde avait très bien récupéré. Etonnant étonnant.
Que l'Aventure continue.
Commentaires
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- 1. Indien Le 25/07/2015
Félicitations à tous et à bientôt sur le vélo -
- 2. alain guesse Le 25/07/2015
très beau raid toute mes félicitations à tous
Alain -
- 3. zavzav Le 25/07/2015
Perso j'ai pas dit plus jamais, mais je l'ai bel et bien écrit.... si c'est pour pédaler pendant toute la journée et ne plus avoir de volontaires pour boire un coup avec moi après... LOL -
- 4. Tommy Le 25/07/2015
Félicitation à vous tous, à bientôt -
- 5. amr Le 26/07/2015
si j'etais là tout les soirs devant mon clavier a guetté les commentaires et les photos.vous pouvez croire que j'ai la larme a loeil de ne pas avoir été là,mais ce fut suicidaire de le faire sans entrainement.pas grave je le ferais un jour....BRAVO A TOUS ET SURTOUT AUX FUILLES QUI PROUVENT ENCORE QUE CE SONT VRAIMENTS DE SACR2ES GONZESSES -
- 6. bernard Le 27/07/2015
en lisant ce récit, cela me fait penser aux épopées du tour de France des années 1900 ( quoi qu'eux n'avaient pas d'assistance ). félicitations à tous pour ce beau défi.
moi je vous propose le tour du PAYS NOIR ou le tour de la MURAILLE DE CHINE. ( en trotinette) -
- 7. Hudzik Pascal Le 27/07/2015
Très beau résumé. Difficile de trouver un qualificatif, simplement : respect !!! -
- 8. Amar Le 08/02/2020
Merci qui jaquie et Michel lol même si je n'étais pas là j'ai souffert avec vous mais bon il y savoir si on peut ou si on ne peut pas. Voilà un temps pour tout. Bizz a tous. -
- 9. Amar Le 09/07/2023
Coucou j'ai une confidence à vous faire :un soir j'ai décidé de lâcher un canard savoir faire le TMB et Fred comme un mort de faim à sauté dessus.Je me suis dis arrête
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